On les croyait relégués à jamais dans nos souvenirs d’enfance ? Et bien non, les poêles à bois ont encore de beaux jours devant eux. La sensibilité pour l’environnement et pour un mode de vie plus proche de la nature les ont remis au gout du jour, dans leur version traditionnelle mais aussi dans certains cas, dans une plus contemporaine.
La création de chaleur par rayonnement est une technique très ancienne qui a évolué tout au long des siècles selon les régions d’Europe, leur climat, les types d’argiles disponibles localement et les courants artistiques.
Le principe de ces poêles est assez simple, la chaleur produite par la combustion du bois dans un foyer fermé circule à l’intérieur du poêle au travers d’un labyrinthe réalisé avec des briques réfractaires. Cette chaleur est transmise aux carreaux de faïence émaillés qui recouvrent le poêle. La faïence accumule et restitue la chaleur de manière progressive en permettant de limiter le nombre de chargements de bois. La chaleur qu’elle restitue est douce et agréable et surtout durable.
S’ajoute à ces grandes qualités celle de la beauté et de l’élégance du poêle qui devient un élément de décor magnifiquement intégré dans l’architecture intérieure ainsi qu’un lieu de réunion familiale et de convivialité.
Le design des poêles en faïence dans les différentes régions d’Europe est naturellement influencé par les ressources et les courants artistiques locaux. Ainsi le Kagelugn suédois qui a marqué l’époque gustavienne se différencie de la « Stufa a Olle » du Trentino (Nord de l’Italie), du Kachelofen mittel-européen ou du poêle à bois alsacien.
Christian Van Parys, céramiste en Belgique, s’est spécialisé dans la restauration et la construction de poêles scandinaves. Dans son four, construit avec ses propres mains, il a commencé à fabriquer des carreaux en faïence en utilisant une réserve d’argile trouvée dans sa région, ce qui lui a permis d’affronter plus sereinement le cout de démarrage de son activité (..)
Sébastien Koehler, en Alsace (France) ne se contente pas de restaurer des poêles anciens, il les collectionne aussi par dizaines. Ses plus belles pièces seront présentées dans un « musée vivant », qui verra le jour à Sélestat en 2020 dans l’Ancienne Poudrerie de Vauban. Un poêle mérovingien sera créé entièrement sur place, sous les yeux des visiteurs, qui pourront ainsi mieux en connaître les secrets.
Un pied dans le passé, Sébastien a aussi le regard vers l’avenir et l’innovation. Pour répondre à ceux qui veulent voir le feu, il a trouvé avec son père un moyen d’intégrer une petite porte vitrée dans les poêles anciens.
COMMENT EST CONSTRUIT UN POELE A BOIS
Le défi de l’artisan poêlier réside essentiellement dans la maitrise du matériau et de sa résistance au feu. Voici les étapes principales de la création d’un poêle en faïence artisanal :
La première étape est celle de la préparation de l’argile qui est mélangée avec de la craie, de la dolomie ou de la silice. La couleur et le type d’argile dépendent des lieux d’extraction. La précision dans le dosage est essentielle pour garantir aux carreaux en faïence la résistance nécessaire contre les fissures et l’écaillage dans la couche d’émail. A ce mélange on rajoute de l’eau et on fait sécher le tout sur des plaques de plâtre.Ensuite, l’argile, à bonne consistance, est estampée ou coulée dans des moules en plâtre réalisés selon la forme que prendra le poêle.
Les carreaux sont cuits une première fois puis émaillés et, selon les cas, peints.
Une deuxième cuisson permettra de fixer l’émail et les couleurs.
La construction du poêle se fait directement sur place. Les carreaux sont soigneusement assemblés autour des conduits en brique réfractaire. Ils sont tenus par du fil de fer et de l’argile crue. Les poêles sont généralement démontables.
Outre la connaissance des matériaux et du process de fabrication le poêlier doit faire preuve d’une extrême patience. Il faut savoir accepter la part de risque que comporte l’usage du feu. De nombreux carreaux de faïence sont perdus ou déformés lors de la première cuisson.
LES POELES EN TERRE CRUE
Certains artisans comme Andrea Magnolini en Italie, réalisent des poêles en terre crue. Le principe est le même que pour les poêles en faïence, les pierres réfractaires à l’intérieur transmettent la chaleur à un revêtement qui est constitué dans ce cas d’un mélange fortement compacté à base de terre (environ 75%), de paille (environ 20%) et d’eau (environ 5%) séché à l’air. Des pigments peuvent être ajoutés pour donner une coloration spécifique.
La terre crue est en effet très performante en termes d’accumulation et de diffusion de chaleur. Elle est facilement disponible, écologique et naturelle. En revanche ce type de poêle ne sera pas démontable.
LE BOIS, UNE RESSOURCE ACCESSIBLE A TOUS…
Les performances d’un poêle à bois vous permettent de transformer le bois, source facilement disponible en chaleur, 15 kg de bois peuvent suffire pour vous chauffer une journée entière.
La quantité de CO2 émis par la combustion dans un poêle à bois est la même que celle produite par la décomposition du même bois dans la nature. Un poêle de chauffage restitue toujours en moyenne 75% de la chaleur créée. Il est donc performant, économique et écologique.
Les alliages de bois résineux tels que le pin ou le sapin sont préférables pour allumer un feu, car ils s’enflammeront rapidement et brûlent vite, ce qui fait monter rapidement la température dans la chambre de combustion. Ensuite il sera préférable d’utiliser du bois dur tels que celui du chêne et du merisier qui brûlent longtemps et produisent moins de fumée, tout en fournissant plus d’énergie calorifique que les bois tendres. Tous les types de bois de chauffage doivent être séchés à l’extérieur, de préférence dans un endroit abrité – pendant au moins six mois, ou même un an après avoir été fendus.