Les meubles qui se trouvent dans cette pièce appartiennent au style Empire. Les caractéristiques de ce style donnent aux meubles un aspect sévère : formes rigides, surfaces planes, angles vifs et symétrie. La majorité des meubles Empire de ce musée sont de la marque de Jean-Joseph Chapuis, un ébéniste belge né à Bruxelles en 1765. Van Cutsem a ajouté plusieurs pièces marquées du mobilier de Chapuis à sa collection en 1865, lors de la vente funéraire de Chapuis. Un exemple est le bureau à cylindre en bois de Cuba (début du 19e siècle) décoré de deux cygnes en bronze. Nous vous invitons à vous attarder sur les détails métalliques des meubles de cette pièce, où le bronze et le métal sont travaillés de manière à embellir et contraster l’austérité des meubles Empire.
Contrairement au fer, qui peut être forgé avec un marteau après avoir été chauffé pour prendre la forme appropriée, le bronze ne peut être travaillé que par moulage. Une pièce de bronze se briserait en effet au premier coup de marteau si elle est surchauffée, mais si elle est coulée et placée dans un récipient creux, elle prend la forme voulue. La tradition veut que Reco et Théodore, originaires de l’île de Samos, aient inventé la pratique de la fonte dès le sixième siècle avant J.-C., grâce à des connaissances techniques transmises par l’Égypte ancienne. La méthode consistant à couler séparément des pièces distinctes et à les souder ensuite a également été développée au fil du temps. Au fur et à mesure, les méthodes d’application se sont améliorées, pour atteindre la perfection dès la première moitié du Ve siècle avant Jésus-Christ. Les dimensions des objets ont également évolué au fil du temps ; des plus petits bronzes sont nés les colosses grandioses, souvent dorés, qui étaient très appréciés dans l’art romain.
La technique dite de la « cire perdue », qui comprend plusieurs phases opérationnelles et dont nous avons connaissance grâce à de nombreux témoignages documentés, est l’une des techniques les plus utilisées. Les bronzes de Riace, qui comptent parmi les exemples les mieux conservés, font partie des statues massives qui ont été réalisées selon cette technique depuis l’Antiquité. Mais, au Moyen Âge, elle est tombée en désuétude et n’a survécu que dans l’Empire byzantin. Les petits moulages d’objets en bronze ont toujours été utilisés comme alternative, mais il s’agissait d’œuvres “complètes »qui ne pouvaient pas être produites à grande échelle. En s’inspirant d’éléments de la civilisation antique, la technique a été ressuscitée à la Renaissance. La statue de Saint Jean Baptiste de Lorenzo Ghiberti (1412-1416), réalisée en plusieurs parties et ensuite assemblée, est la première statue importante coulée selon la méthode de la cire perdue.
La technique du bronze présentait de nombreux avantages par rapport à la pierre, dont le principal était la plus grande compacité du matériau, qui permettait au sujet de se déplacer plus librement dans l’espace sans craindre de se briser ; les résultats étaient donc plus réalistes et naturels.
La restauration de ces détails est aussi importante que le meuble lui-même. Oliver Lagarde est un restaurateur travaillant à l’Établissement de Chant-Viron. Il a une approche mixte de la conservation-restauration des ouvrages métalliques et de l’artisanat traditionnel en tant que bronzier d’art, alliant recherche historique, innovation et exigence en termes de techniques et de fournitures.