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6. DORURE

Catégorie

Articles

Date de parution

23/02/2022

Vous pourrez observer d’étonnants cadres dorés accrochés aux murs de la pièce. Bien que chaque cadre se distingue par ses motifs, ses matériaux et ses éléments décoratifs, le processus d’embellissement de ces objets est le même. Il s’agit d’une technique ancienne qui consiste à appliquer une très fine couche d’or, appelée « feuille d’or ».

Les techniques de dorure remontent à 2300 avant J.-C. en Égypte, lorsque les orfèvres royaux ont commencé à utiliser une pierre ronde pour battre l’or afin de créer de fines plaques appelées « feuilles d’or ». Comme l’or est un métal durable et protecteur et qu’il était considéré comme un symbole d’immortalité et de divinité dans la haute Antiquité, les pierres tombales des pharaons ainsi que les meubles et objets sacrés inestimables étaient scrupuleusement recouverts de ces feuilles précieuses. Peu après, les Phéniciens et les Byzantins ont commencé à dorer leurs statues et leurs icônes ou à utiliser des tesselles dorées pour illuminer leurs mosaïques afin de rehausser la beauté de leurs œuvres. La dorure, qui trouve son origine dans la Grèce antique, à Rome et au Moyen Âge, s’est épanouie au cours des âges suivants et est finalement devenue une pratique très répandue grâce à ses différentes approches.

Depuis son invention, les méthodes de création des feuilles d’or ont rarement changé. L’or est le métal le plus extensible et le plus malléable. Trois kilomètres peuvent être couverts par un gramme d’or. Toutefois, une petite quantité d’argent et de cuivre est ajoutée à l’or pour créer un mélange composé d’environ 96 % d’or, afin d’améliorer les qualités de travail lors du battage et de rendre les feuilles d’or encore plus flexibles. D’autres artisans qui ont besoin d’améliorer leurs œuvres, comme les sculpteurs sur bois, les ébénistes, les encadreurs, les bronziers, les verriers, ou même les architectes et les designers, collaborent souvent étroitement avec les doreurs. Les doreurs sont capables de travailler avec une grande variété de matériaux, notamment les métaux, le bois, le cuir, le verre, la céramique et même les peintures.

C’est au niveau des méthodes et des matériaux utilisés pour préparer la surface avant l’application de la feuille que les principales méthodes des doreurs professionnels divergent. La Détrempe, une dorure à l’eau, n’est viable que pour les objets d’intérieur ou les meubles et exige des connaissances techniques et un savoir-faire pratique considérables. Elle a reçu son nom parce qu’elle comporte une forte proportion d’eau dans la composition de la colle (souvent de la colle de peau de lapin, de la craie et des pigments). La dorure à l’eau, également appelée dorure sur bolus, est surtout utilisée pour la dorure du bois et repose sur l’application de nombreuses feuilles d’or sur une couche d’argile rouge (bolus). La surface du bolus doit être bien préparée avant le brunissage final afin d’obtenir une finition belle et lisse qui sera réchauffée par les reflets rouges que la transparence de l’or fournira.

La dorure à l’huile est utilisée par les professionnels pour les surfaces moins poreuses et en extérieur, tandis que la dorure à l’eau est employée en intérieur pour appliquer des feuilles d’or sur du bois ou d’autres surfaces poreuses comme le plâtre. La dorure à l’huile adhère à une plus grande variété de surfaces, comme le métal, le verre et la pierre. Avant d’appliquer l’encollage, les surfaces doivent être soit non poreuses, soit scellées avec une couche de peinture colorée. La couleur de la sous-couche sera apparente en transparence et réparera les dommages que les conditions atmosphériques ont fait subir à la feuille d’or. Une colle très épaisse à base d’huile de lin chauffée à très haute température maintient les feuilles d’or en place. Elle peut être associée à de la résine pour retarder le séchage et faciliter l’application des feuilles d’or. Une fois que la colle a séché (les experts parlent d' »amoureuse »), elle est prête à être recouverte de feuilles d’or. Le durcissement prend environ 12 heures, mais il est plus rapide et plus facile que la dorure à l’eau. Néanmoins, les surfaces ne peuvent pas être brunies, et l’aspect sera plus terne. Sans une application experte, le produit final peut perdre sa transparence et ressembler à une surface peinte.

Aussi ancien que soit cet artisanat, les restaurateurs utilisent encore aujourd’hui les mêmes techniques pour dorer, comme Donatienne Lurquin (lire un article à ses propos.)

FÉLIX MOMMEN

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Derrière le piano, un homme barbu se dessine, c’est un autre personnage important de l’histoire de cette maison. Il s’agit de Félix Mommen, un marchand de fournitures d’art, mécène et ami de nombreux artistes. Il a été un précurseur de l’idée selon laquelle les artistes doivent pouvoir s’exprimer librement et la société doit ainsi les soutenir d’un point de vue matérialiste. Sa philosophie a jeté les bases des « Ateliers Mommens » (à Saint Josse), où, de 1874 à 1894, deux architectes de renom, Ernest Hendrickx et Henri Van Massenhove, ont construit un ensemble d’ateliers. Les ateliers étaient orientés vers le nord, la meilleure position pour avoir un flux de lumière constant, mais ce bâtiment n’était pas seulement un lieu de création : les artistes pouvaient aussi exposer leurs œuvres, se réunir et échanger des idées. Étant donné la nature du travail de Mommen, il a veillé à ce qu’ils soient toujours équipés des meilleures fournitures artistiques.  Pas très loin des Ateliers Mommen, vivait notre personnage principal, H. Van Custem, qui aimait recevoir des artistes d’avant-garde et il a inclus de nombreuses pièces des artistes de Mommen dans sa collection. Grâce à ces deux pôles d’attraction, le quartier bourdonnait d’artistes et d’intellectuels et était connu comme « le petit Montmartre de Bruxelles ». 

Après la mort de Mommen en 1914, son fils Joseph prend la relève. Dans les années 80, la spéculation immobilière fait des ravages aux Ateliers Mommen, obligeant peintres et sculpteurs à déménager. Ceci dit, tout est bien qui finit bien, la cité des artistes a été sauvée et il s’agit de la plus ancienne et dernière colonie d’artistes de Bruxelles.


L’ARTISANAT DE DORURE
DE NOS JOURS


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