Décrivez votre métier avec des détails sur vos produits, services, expertise et savoir faireJe suis conservatrice-restauratrice de verre et céramique, cela consiste à prendre en charge des oeuvres d’art ou des objets d’art d’époque et d’origine très variées et qui présentent des dégâts matériels tels que de l’encrassement, des bris, des manques et des lacunes, des fragilités de surface ou de structure. En accord avec les codes déontologiques de la profession, je pose des actes tels que le nettoyage, la consolidation de surface ou de fêlures, le collage (simple ou plus complexe avec de très petits tessons fragiles), le comblement des manques, la reconstitution d’éléments manquants, la retouche et finalement la rédaction d’un rapport de traitement. Je m’occupe également de concevoir des supports ou des soclages sur mesure, que ce soit pour l’exposition, pour le transport ou pour le stockage en réserves. Ces compétences techniques s’accompagnent également de l’aide et du conseil à la conservation préventive des oeuvres, notamment en rédigeant des constats d’état détaillés et des recensements. Cela implique aussi un accompagnement pour créer des conditions environnementales (Humidité Relative, température, luminosité) propices à une meilleure conservation des biens.
Dans le cadre de ce métier, je me suis particulièrement spécialisée et attachée aux modèles en verre d’invertébrés marins de Léopold et Rudolf Blaschka. Ces derniers ont créé dès la fin du 19ème siècle des oeuvres en verre filé et soufflé au chalumeau, d’une finesse et d’une précision extraordinaire et d’un savoir-faire inégalé aujourd’hui. J’ai étudié de manière approfondie leurs techniques de fabrication, leur histoire et celles de leurs objets. Et j’ai eu l’immense honneur de restaurer deux collections, l’une à Liège et l’autre à Genève.
Mon parcours et ma passion pour le verre, m’ont amenée à m’intéresser plus particulièrement à un savoir-faire assez rare : la gravure à la roue sur verre. Ce métier d’art me permet d’exprimer ma créativité et fait appel à certaines qualités développées en restauration d’oeuvres d’art : la précision, la finesse, la patience et les connaissances en dessin. Ce deuxième pan de ma vie professionnelle est riche d’enseignement et de liberté. Ce métier est à redécouvrir et offre un éventail de possibilités très large. Les gravures peuvent être réalisées sur de verre plat ou de forme, coloré ou non, que ce soit du verre industriel ou soufflé main. Je créée des projets personnels ou sur mesure sur verre, cristal, verre float, verre optique. Les rendus esthétiques sont très variés en intensité, profondeur, relief et textures.
Quels matériaux utilisez-vous? Comment et où vous les procurez-vous?Pour la restauration d’oeuvres d’art, j’utilise des matériaux synthétiques ou naturels (colles, pigments, colorants, acryliques, plâtre, poudres abrasives ou absorbantes diverses, feuilles d’or ou d’argent, vernis,…) compatibles avec les oeuvres, réversibles et durables dans le temps. Ces matériaux sont disponibles chez les fournisseurs spécialisés pour la restauration d’oeuvres d’art.
Concernant la gravure sur verre, les roues sont créées sur mesure (diamant, cuivre, pierre, feutre, liège, synthétique) par des corps de métiers spécialisés dans la découpe de ces matières, je m’occupe de les adapter sur le tour et/ou de leur donner la forme dont j’ai besoin par moi-même. Les types de verre décorés sont des verres plutôt “tendres” comme le cristal ou le verre sodocalcique, cela permet une plus grande rapidité d’exécution, plus de finesse dans le rendu des détails et surtout use moins les roues. D’autres types de verre, tel que le verre float, sont utilisés pour des gravures essentiellement réalisées à la roue de diamant, plus mordante. Je me procure les verres dans les cristalleries, chez un miroitier ou chez un artisan verrier.
Décrivez les techniques, les outils et les matériaux que vous utilisez dans votre travail.
Quel est le profil type de votre clientèle ?En conservation-restauration, je travaille pour une clientèle privée, des collectionneurs, des antiquaires, des galeristes et des institutions publiques et muséales. Chaque demande, chaque oeuvre est unique, par conséquent je propose une restauration adaptée à chaque cas et personnalisée selon les besoins et nécessités du propriétaire.
Mes créations de gravure sur verre sont proposées à un public large, plus ou moins averti, mais toujours amateur de verre, lors d’évènements publics.
A quel âge et dans quelles circonstances avez-vous commencé ce métier ?J’ai choisi mon premier métier, la restauration, à l’âge de 16 ans, attirée par la beauté du geste de préservation et de soin et fascinée par l’histoire dont sont témoins ces oeuvres. J’ai suivi des études supérieures dans ce domaine, à l’ESA Saint Luc de Liège, dès 19 ans. Je me suis orientée vers l’option céramique et verre, en 2e année, car les oeuvres façonnées par le feu et le travail en trois dimensions correspondaient très bien à ma personnalité et à mes attentes. Dès la fin des études, je me suis installée à mon compte et j’ai eu la chance de pouvoir exercer mes talents depuis lors, sur de nombreuses oeuvres très variées. J’ai toujours été ravie d’apprendre à leur contact et de relever toujours plus de défis.
Mon second métier, la gravure à la roue sur verre, a été plus long à découvrir, car beaucoup moins connu et reconnu. C’est au fil de mes découvertes et expériences autour de la matière verre, que j’ai fini par dénicher ce métier d’art si particulier. Ma première approche a été le contact avec d’anciens tailleurs sur cristal du Val Saint-Lambert, qui m’ont permis de comprendre ce qu’est le travail du verre “à froid” et toutes les possibilités de mise en valeur de la beauté du cristal par cette technique. Par la suite, je me suis demandé s’il n’existait pas une discipline plus adaptée à ma constitution féminine et me permettant plus d’expression dans le dessin et la composition. J’ai découvert alors qu’en Angleterre, une association promouvait les artisans graveurs sur verre (The Guild of Glass Engravers). En 2017, je les ai contacté, en précisant que je cherchais un maître graveur, spécialisé avec la roue de cuivre et ouvert à l’idée de m’accueillir en formation. Pavlina Cambalova, m’a recontactée et quelques mois plus tard, me recevait dans son atelier en Bohême pour une semaine d’essai. L’expérience me plu énormément et je réussis à convaincre la Plateforme pour l’Education et le Talent (Sofina & Boël et Fondation Roi Baudouin) de me soutenir dans un projet d’apprentissage de cet art, disparu en Belgique. En tant que Lauréate du concours “Jeunes artisans dans les Métiers du Patrimoine”, en 2018 , j’ai passé plusieurs mois de formation en République tchèque, en Allemagne et en France. En rentrant en Belgique, j’ai décidé d’installer un atelier de création de gravure sur verre, jouxtant celui de restauration afin de mener les deux activités de manière très complémentaire.
Où et combien de temps avez-vous été formé avant d’être prêt à créer votre entreprise ? Dans un institut de formation, auprès d’un artisan ou les deux ? Quelle est d’après vous, aujourd’hui, la meilleure façon d’apprendre votre métier ? Ecoles, formations chez l’artisans…
Quel rôle jouent le « talent » et la « créativité » dans votre profession ?
Et qu’en est-il de l’innovation, quels sont les changements depuis vos débuts ? Utilisez-vous de nouveaux matériaux, outils, ou procédés dans la fabrication, le marketing et la commercialisation ? Quel est l’impact de l’innovation sur vos performances ? Comment votre profession pourrait-elle être encore plus innovante ?
Quelle est la meilleure façon d’apprendre votre métier?
Quel est votre message aux jeunes générations qui pourraient choisir votre profession ?