Décrivez votre métier avec des détails sur vos produits, services, expertise et savoir faireLe guillochage main c’est remplir une surface de reflets géométriques obtenus par la gravure de lignes qui s’entrecroisent. Pour guillocher, il est très important de posséder de vieilles machines traditionnelles à guillocher, sans quoi, ce travail devient impossible. Les anciennes machines, au travers de leur âme, donnent un rendu inattendu d’une part, et permettent à l’artisan de se projeter au travers de son art et d’exprimer sa créativité d’autre part.
Je propose principalement mes services a des manufactures horlogères suisses. Il faut savoir que cette technique de gravure ancestrale est unique en soi et est toujours très prisée surtout chez les horlogers. Vu sa particularité, elle se retrouve egalement en joaillerie ainsi que dans le monde du luxe en général.
Le guillochage main se pratique généralement sur des métaux précieux tel que l’or jaune,blanc, etc. Il faut entre 4 et 11 heures de travail pour obtenir une réalisation complète de petite taille, je pense aux cadrans de montres par exemple. La grande particularité du guillochage main est de produire des pièces uniques même dans le cas d’une production de pièces semblables. Elles seront les mêmes au premier coup d’oeil, mais chacune aura l’empreinte du moment de sa réalisation où l’humeur et le doigté de l’artisan apparaitront de façon infime.
Quels matériaux utilisez-vous? Comment et où vous les procurez-vous?Je guilloche généralement des plaques d’or 18k, de platine 950 ou encore d’argent 925 qui sont tres courantes dans le millieu de l’horlogerie et de la bijouterie comme matériau de base.
Il m’arrive de travailler des cadrans en laiton également car les reflets produits seront encore tout à fait différents.
Décrivez les techniques, les outils et les matériaux que vous utilisez dans votre travail.J’utilise deux sortes de machines à guillocher : la guillocheuse verticale et le tour à guillocher.
Ces 2 types de machines que nous trouvons fin 19ème début 20ème sont toujours utilisées de nos jours car ce sont les seules « vraies » qui permettent de guillocher à la main.
Le tour à guillocher permet un guillochage circulaire et la guillocheuse verticale un guillochage en lignes droites.
Le guillocheur actionne une manivelle (généralement positionnée à gauche) sur la machine, mettant en mouvement un axe central sur lequel sont positionnées des rosettes. Lorsque l’axe central tourne, les rosettes tournent solidairement avec l’axe.
Les rosettes utilisées pour fournir le guillochis choisi ou créé, sont en contact avec un palpeur, le palpeur ne bougeant pas c’est l’axe central qui se déplace en fonction du palpeur et qui fait bouger le cadran / la pièce à guillocher située en bout de course de l’axe central en fonction du palpeur et produit ainsi le mouvement du guillochis.
Quel est le profil type de votre clientèle ?Pricipalement des manufactures et des artisans indépendants qui me demandent des réalisations sur mesure entrant dans leurs propres collections. Je suis contacté aussi par des particuliers me demandant d’habiller leur montre autrement.
Il y a des clients tout simplement intéressés par mon parc machines qu’ils ne trouvent plus ailleurs dans le but de réalisations anciennes (je pense à un tour à réduire).
En tant qu’artisan indépendant moi-même je travaille sur mes propres collections et mes pièces uniques
A quel âge et dans quelles circonstances avez-vous commencé ce métier ?A 18 ans lors de mon apprentissage aux Ateliers Alain Lovenberg.
Je commençais mes études d’horloger (2016-2019) et venant de l’enseignement général j’étais dispensé d’une partie des cours communs. Je disposais donc de temps pour apprendre la gravure à la main (à la base mon souhait). Le hasard a voulu que je sois apprenti de Mr Lovenberg où un jour dans son atelier j’ai découvert une guillocheuse verticale qui “dormait” dans un coin de la p-èce. J’ai été subjugué, tout simplement attiré comme par un aimant par la machine.
Mr Lovenberg ne se servait pas de la machine mais il savait comment faire et il m’a appris.
A partir de ce moment là ce fut pour moi une révélation : je ferais des cadrans guillochés avant d’apprendre à graver et avant d’être horloger.
Où et combien de temps avez-vous été formé avant d’être prêt à créer votre entreprise ? Dans un institut de formation, auprès d’un artisan ou les deux ? Quelle est d’après vous, aujourd’hui, la meilleure façon d’apprendre votre métier ? Ecoles, formations chez l’artisans…Depuis 2016, je guilloche, mais je me suis fixé d’apprendre la taille douce pour m’investir dans la damasquinure que j’apprends seulement aux Ateliers Lovenberg.
Il m’a fallu certainement 3 ans de temps pour “savoir” guillocher et j’apprends toujours avec le Maître des trucs et astuces d’un autre temps, mais toujours d’actualité vu l’artisanat développé.
Il est évident que pour moi apprendre chez un Maître est une chance inestimable, qui à toujours complété mes études à un autre niveau de réalisation.
Je suis très fier d’être encore apprenti de techniques ancestrales compliquées mais tellement magnifiques une fois réalisées.
Un bon apprentissage complète les études et vice versa.
Quel rôle jouent le « talent » et la « créativité » dans votre profession ?Le talent je n’en ai pas, je laisse mes clients en parler.
La créativité me permet de me démarquer par rapport aux autres, en osant des nouveaux motifs de guillochage ou en réalisant des motifs connus en guillochage par exemple le motif du Panier ou du Clou de Paris où j’ajoute une touche personnelle.
Et qu’en est-il de l’innovation, quels sont les changements depuis vos débuts ? Utilisez-vous de nouveaux matériaux, outils, ou procédés dans la fabrication, le marketing et la commercialisation ? Quel est l’impact de l’innovation sur vos performances ? Comment votre profession pourrait-elle être encore plus innovante ?Depuis 2016 je suis parti de morceaux de métal qui me coupaient les mains (gravure) à 2021 où après avoir guilloché par exemple les cadrans des montres Van Bricht, je réalise des cadrans de montre pour des commandes tout à fait privées ou j’alterne gravure main, martelage, polissage et incrustation d’or.
J’aime varier les supports que je guilloche, une belle expérience à vous relater est le guillochage de cadrans en nacre presque transparents par leur finesse, où l’astuce est de les faire vivre d’autres reflets esthétiques que ceux déjà fournis par la nature.
Depuis 2020 et malgré la pandémie, Bernies sc investi dans un marketing autre et essaye de faire revivre ces arts anciens en les adaptant au 21 ème siècle. Mes nouvelles réalisations arriveront fin de cette année….vous serez parmis les premiers à les découvrir. Nous travaillons sur leur commercialisation mais l’actualité nous ralenti fortement.
Quelle est la meilleure façon d’apprendre votre métier?En travaillant de façon posée en laissant courir son imagination, mais aussi en prenant sur soi quand il faut s’appliquer 10 heures non stop et recommencer si le degré de précision n’est pas suffisant dans la réalisation demandée.
Il faut savoir s’adapter au matériel utiliser, à la machine mais aussi et surtout aux attentes des clients. Il faut aussi savoir se remettre en question et savoir accepter l’oeil du Maître qui sans microscope vous dit s’il est safistait de votre travail ou pas.
J’aime me projeter dans le matériau que j’utilise, j’aime imaginer le résultat, comment sera la pièce guillochée ?
J’embarque alors pour un voyage intérieur d’une durée inconnue pour arriver à bon port.
Il faut du calme et de la persévérance, laisser faire le temps que ce soit pour apprendre ou que ce soit pour travailler sur une pièce précise.
Quel est votre message aux jeunes générations qui pourraient choisir votre profession ?Croire en ses rêves.
Dites vous que si d’autres l’on fait avant vous, pourquoi pas vous ?